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30 Juillet 2018
Les articles précédents sur Sérifos et Athènes ont été rédigés lundi 23 juillet, au matin et en début d’après-midi. Quelques heures plus tard démarrait le terrible incendie dont on dénombre encore les victimes (91 à l’heure où je rédige) et qui a détruit plusieurs centaines d’habitations des agglomérations composant Rafina (Mati, Kokkino Limanaki).
Je n’ai pas raconté dans mes articles de vacances ma demi-journée à Rafina, le 30 juin, avec un ami qui était en train de vider ses cartons pour emménager près de la mer. J’avais trouvé les rues de ces jolis quartiers très étroites, sans visibilité, pleines de voitures stationnées de façon anarchique de par l’absence de parkings et de garages, et je m’étais dit qu’il valait mieux marcher pour se déplacer. Déjeuner sur le port, puis jus de fruits sur une terrasse surplombant la jolie anse de Kokkino Limanaki, et enfin dîner dans une taverne installée sur la plage de Zoubéri.
Lundi dernier, ces rues se sont transformées en piège pour les voitures des personnes cherchant à fuir l’incendie. Les deux plages font partie de celles où se sont retrouvées piégées des centaines d’autres personnes, coincées entre les flammes et la mer. De longues heures sont passées sans que nous ayons de nouvelles de nos amis et connaissances habitant là-bas. Finalement « tout va bien, certains ont perdu maison ou voiture, mais tous vont bien », nous ont dit les amis sur place. La peur est restée, là, logée dans l’estomac.
Et puis la pluie est arrivée, s’abattant sur d’autres quartiers d’Athènes transformés en rivières. Là encore « tout va bien, il y a seulement des voitures qui sont noyées, rien de grave ».
J’admire la sérénité avec lesquelles mes proches vivant là-bas encaissent tout cela. Et pourtant, le pays tout entier est en colère (voir article et vidéo d'Euronews). Des décennies d’incurie politique et d’incivisme ont fait des dégâts accentués par des années de crise et de privatisation synonymes de restriction budgétaire.
En faut-il arriver à une hécatombe pour que la communauté internationale se souvienne que l’argent et les indicateurs économiques doivent rester des moyens d’assurer le bonheur de chacun, et non pas constituer le but ultime de leurs politiques ?